Interview de Hina Ikahehegi, joueuse de Rugby

À l’occasion du cross du collège et de la semaine solidaire liée à l’association ELA (Association européenne contre les leucodystrophies), les élèves de 4e ont eu l’honneur d’interviewer en visio Hina Ikahehegi, joueuse de rugby passionnée et engagée.
Elle a fait ses débuts au club de Leforest, dans le Pas-de-Calais, et évolue actuellement en équipe de France.

Un beau moment d’échange autour des valeurs du sport : effort, persévérance et confiance en soi !

Bravo aux volontaires et merci à Hina Ikahehegi pour sa disponibilité et son enthousiasme !

Retrouvez ci-dessous l’interview réalisée par Noémie, Pauline, Gabrielle et Alicia, élèves de 4e1.

Noémie : Bonjour Hina ! Pouvez-vous raconter ce que vous avez ressenti en portant pour la première fois le maillot de l’équipe de France ?

Hina : C’était un moment incroyable. J’ai ressenti une immense fierté, un peu comme si tous les efforts de ces dernières années prenaient enfin sens. C’était un rêve d’enfant qui devenait réalité.

Pauline : Quels objectifs vous fixez-vous pour les prochaines années, en club et en sélection ?

Hina : En sélection, j’aimerais avoir plus de temps de jeu et continuer à me dépasser. En club, je veux décrocher un championnat, donc devenir championne de France.

Alexia : Dans le rugby féminin, vous avez parfois des situations d’inégalité par rapport aux garçons. Qu’en pensez-vous ?

Hina : Oui, surtout au niveau des salaires. Je joue en première division et en équipe de France, mais je gagne à peine le SMIC, alors que les garçons peuvent toucher 5 000 à 7 000 euros par mois. Pourtant, on s’entraîne autant qu’eux, le midi, l’après-midi et le soir, et toute l’année on se donne autant. Et puis, nous ne sommes pas assez médiatisées. Heureusement, ça commence à évoluer petit à petit, mais il reste encore du chemin à parcourir.

Noémie : Avez-vous un rêve particulier pour les années à venir ?

Hina : Cette année, je rêve de devenir championne de France avec mon nouveau club, le Stade Bordelais, qui a déjà été trois fois champion. Et plus tard, avec la sélection, devenir championne du monde.

Pauline : Quand vous étiez collégienne, aviez-vous un modèle sportif ?

Hina : Oui, Jonah Lomu, même si ce n’est pas mon poste. Il était très grand et puissant, un peu comme moi, mais plus rapide. Et j’admire aussi Will Skelton, un Australien qui joue à La Rochelle, avec un profil similaire au mien.

Gabrielle : Comment gardez-vous votre motivation quand ça ne va pas ?

Hina : Depuis mes 15 ans, je travaille pour être à ce niveau. Quand je baisse de motivation, je ne peux pas m’arrêter, il y a trop d’années de travail derrière moi.

Alexia : Quel conseil donneriez-vous aux filles qui veulent faire du sport de haut niveau ?

Hina : Croyez en vous ! Soyez motivées et prenez du plaisir. Même si la confiance ne vient pas tout de suite, elle se construit petit à petit.

Noémie : Que souhaitez-vous transmettre aux jeunes filles qui vous écoutent ?

Hina : Je veux leur donner confiance en elles et leur montrer qu’on peut être grande, forte et heureuse. Quand j’étais au collège, je faisais 1,80 m et pesais 100 kg, et j’avais du mal à accepter mon corps. Aujourd’hui, j’en suis fière. Je veux aussi leur transmettre ma joie de vivre.

Pauline : Si le rugby et le judo n’existaient pas, quel sport auriez-vous pratiqué ?

Hina : Probablement un sport de combat comme la boxe ou le MMA. J’ai toujours aimé l’intensité donc je me suis tournée vers les sports de contact.

Gabrielle : Votre famille vous a-t-elle soutenue dans votre parcours sportif ?

Hina : Oui ! Mon frère a fait du rugby, mon père m’a soutenue moralement, et ma mère m’a accompagnée à tous les entraînements malgré ses deux emplois. Je leur dois beaucoup.

Alexia : Si vous pouviez donner un conseil à la Hina de 12 ans, ce serait quoi ?

Hina : De s’accepter telle qu’elle est et de rester fidèle à elle-même. Les gens doivent aimer pour qui l’on est.

Noémie : Que faites-vous en dehors du rugby ?

Hina : Je prépare un BPJEPS pour devenir coach sportif, et plus tard j’aimerais aussi devenir tatoueuse. Et j’ai une routine capillaire assez longue ! (Rires)

Pauline : Le rugby vous a-t-il aidée à vous affirmer à l’école ou avec vos amis ?

Hina : Oui ! Avant, j’étais très timide et complexée par ma taille. Le rugby m’a appris à utiliser mon corps et à m’affirmer.

Gabrielle : Que répondez-vous aux gens qui pensent que le rugby est trop dur pour les filles ?

Hina : Je ne réponds pas. C’est dur pour tout le monde, filles ou garçons.

Alexia : Avez-vous aimé le match contre les All Blacks ?

Hina : Oui, c’était incroyable ! J’ai pu entrer sur le terrain pendant les 10 dernières minutes et montrer ce que je pouvais faire.

Noémie : Êtes-vous stressée avant les matchs ?

Hina : Oui, j’ai toujours cette boule au ventre, mais je transforme ce stress en énergie positive sur le terrain.

Pauline : Êtes-vous la “folle” de votre équipe ?

Hina : Je fais partie de celles qui animent l’équipe, mais il y en a d’autres plus folles, comme Ambre.

Gabrielle : Quand avez-vous ressenti que vous pouviez atteindre le haut niveau ?

Hina : Ce n’est pas venu d’un déclic. Mon entourage m’a dit que j’avais les capacités, et je suis arrivée petit à petit, étape par étape.

Alexia : Avez-vous essayé d’autres sports avant le rugby et le judo ?

Hina : Non, juste deux ans de judo avant le rugby.

Noémie : Merci beaucoup d’avoir répondu à toutes nos questions !

Hina : Merci à vous. Et je voudrais aussi m’excuser : normalement, je devais être en physique avec vous, mais je joue dimanche et je n’ai pas pu venir. J’ai dû partir à Bordeaux.

Pauline : Bah peut-être que vous viendrez un jour ?

Hina : Oui, un jour je passerai voir monsieur Thueux dès que je peux.

Madame Crivier : Ah super ! En tout cas, vous venez vraiment quand vous voulez. Le collège est prêt à vous accueillir.

Hina : J’enverrai un message à monsieur Thueux. Super, merci beaucoup !

Toutes : Bon match !

Hina : Merci à vous, et surtout : croyez en vos rêves !